La femme polychrome
Poser les mains sur un visage
Vouloir et ne pas oser
Puis s'aventurer davantage
Au risque de tout briser
Souffrir à force de s'étreindre
Et se confondre dans la nuit
Souffrir sans gémir ou se plaindre
Sans un cri
S'étendre à demi-mort de peur
Se réchauffer par des mots
Des mots qui retiennent les heures
Et sans trouver le repos
Souffrir à force de s'attendre
Et tomber jusqu'à l'agonie
Souffrir encore plus et se rendre
Dans un cri
Et mourir de plaisir
Et mourir de plaisir
Et mourir de plaisir
On a tous une couleur qui nous correspond, qui nous interpelle, qui nous étonne !
J'ai eu un superbe manteau rouge pendant de longues années parce que je ne m'en lassais pas.
Je croisais sans cesse des connus, des inconnus qui me disaient que j'était le chaperon rouge !
Cette année, j'ai un manteau gris un peu médiocre !
On ne me voit plus, personne ne me dit que je ressemble à une souris !
Elle se refuse à apprécier le monde en fonction des saisons
qu'il pleuve ou qu'il vente, que le soleil brille ou qu'il fasse gris,
elle se veut d'humeur égale.
A quoi bon faire supporter aux autres ses doutes, ses peurs, ses angoisses !
Elle, elle donne ses petits bonheurs, ses grandes joies,
Elle offre ses rires, elle tend la main
Elle, elle regarde le monde de sa fenêtre
il pleut peut-être, le soleil brille sans doute
elle ne voit que la beauté, la vie,
et parce qu'elle a failli tout perdre
elle apprécie ce qu'est un bonheur de chaque instant.
Elle ne mange pas tous les jours à sa fin
mais elle achète ses bas en soie chez Cervin
elle court de mission d'intérim en mission d'intérim
jamais au même endroit, jamais les mêmes tâches
pour gagner deux francs six sous pour payer les factures
Elle ne mange pas tous les jours à sa fin
mais elle achète ses bas en soie chez Cervin
Elle habite sous les toits une petite chambre de bonne
elle regarde le ciel bleu à travers la lucarne
alors elle s'envole sous la chaleur de Bamako
et puis elle atterrit et retrouve sa petite vie
elle ne mange pas tous les jours à sa faim
mais elle achéte ses bas en soie chez Cervin
elle fait des sacrifices, tous les jours
elle choisit le moins pire plus souvent que le meilleur
elle, qui rêve de ciel bleu, se réveille dans la grisaille
elle ne mange pas tous les jours à sa faim
mais elle achéte ses bas en soie chez Cervin